Cette année fête les 150 ans du "livre des médiums". Comment ne pas faire un petit rappel de ce grand monsieur et son oeuvre...
C'est Allan Kardec qui a défini la pensée spirite en tant que philosophie et science. Homme de lettres et de science, il démystifia les manifestations spirites et codifia le spiritisme par une œuvre colossale et des ouvrages phares tels que Le "Livre des Esprits" et "Le Livre des Médiums".
Son entreprise fut poursuivie par de grands précurseurs tels Gabriel Delanne, Léon Denis, Camille Flammarion, Gustave Geley,… ainsi que de nombreuses personnalités du début du XXe siècle (Thomas Edison, William Crookes, Pierre et Marie Curie, Victor Hugo,…).
Allan Kardec définit le spiritisme comme une doctrine fondée sur l'existence, les manifestations et l'enseignement des esprits, possédant des lois morales et reposant sur une échelle spirite. Ce courant de pensée explique que les médiums peuvent communiquer avec les défunts, par l'utilisation d'une énergie spirituelle appelée périsprit. D'abord européen, ce mouvement s'est ensuite diffusé en Amérique latine et il constitue aujourd'hui une importante religion du Brésil, influente tant dans la vie politique que sociale.
Fondé sur la croyance en Dieu, en la réincarnation et en la communication avec l'au-delà, le spiritisme regroupe actuellement plus de dix millions d'adeptes à travers le monde, très majoritairement situés en Amérique latine.
En 1847, la famille Fox qui vit dans une ferme de Hydesville, dans l'État de New York, déclare entendre des coups dans les cloisons et dans les meubles. En présence des sœurs Fox les bruits semblent leur répondre de manière intelligente. Ce phénomène constatable par un nombre croissant de témoins est bientôt attribué à l'esprit d'un colporteur assassiné par un ancien locataire. Grisées par leur popularité, les sœurs Fox multiplient les exhibitions publiques et suscitent des vocations. Quantité de médiums prétendent alors pouvoir échanger avec les défunts et le mouvement du spiritualisme moderne anglo-saxon gagne rapidement des millions d'adeptes dans tous les États-Unis.
Bien loin de la caricature des tables tournantes, le spiritisme aujourd'hui, en tant que science et philosophie et de par ses principes essentiels (vie après la mort, réincarnation, finalité divine, pluralité des mondes habités,...), ouvre la réflexion sur les grandes questions de la destinée humaine : sens de la vie, marche du monde, morale, science, société,...
D'une grande portée quant au sens à donner à sa vie, la philosophie spirite, au delà d'une condition matérielle dont nous sommes tributaires, demeure une philosophie pour le futur, spiritualité d'espoir et d'évolution pour nos sociétés et civilisations de plus en plus déshumanisées et matérialistes.
"Le livre des Esprits" connaît un succès immédiat. Réédité cinquante fois en cinquante ans, il éclipse à cette époque tous les autres ouvrages sur l'au-delà. Au début du mouvement, Kardec ne songe nullement à fonder un courant de pensée et encore moins une religion. Mais il est très vite entraîné par la popularité de son œuvre. Des témoignages lui parviennent spontanément de tous les pays et les visiteurs se pressent à sa porte. L'empereur Napoléon III lui-même s'entretient avec lui. Il envisage alors de structurer son activité.
Kardec fonde La Revue spirite qui sort des presses le 1er janvier 1858. En quelques années, elle est diffusée dans le monde entier et compte des centaines de collaborateurs dont Victor Hugo, Victorien Sardou et Camille Flammarion. En avril 1858 est constituée la Société parisienne des études spirites, et Paris devient alors la capitale internationale du spiritisme.
Après avoir publié le volet théorique du spiritisme dans son premier ouvrage, Kardec passe au volet expérimental en rédigeant Le Livre des médiums en 1861, ouvrage qui développe les conséquences pratiques du précédent. Il complète par la suite la doctrine spirite par une interprétation du christianisme associée à des principes moraux et sociaux. Cela aboutit à L'Évangile selon le spiritisme (1864), Le Ciel et l'Enfer (1865) et La Genèse selon le spiritisme (1868). Ces cinq ouvrages fondamentaux du spiritisme, continuellement réédités depuis leurs premières parutions, constituent aujourd'hui encore la référence doctrinale du Conseil Spirite International. À des fins de vulgarisation, Allan Kardec rédige également un résumé de 180 pages intitulé Qu’est-ce que le spiritisme ? (1859), ainsi qu'un petit fascicule Le Spiritisme à sa plus simple expression. Le spiritisme s'appuie sur ces « sociétés d'études » pour tenter de constituer une grande famille solidaire.
Quasiment oublié dans la France où il est né, le mouvement spirite y conserve encore quelques milliers d'adeptes et reprend de la vigueur depuis les années quatre-vingt. Il est maintenant installé un peu partout dans le monde et doit l'essentiel de sa croissance aux missions qui partent du Brésil, considéré comme le « maior país espírita do mundo », le principal pays spirite du monde. D'après la presse traditionnelle brésilienne, la culture spirite est particulièrement dynamique. Elle s'appuie sur les « auteurs médiums » contemporains comme Divaldo Pereira Franco, Raul Teixeira et Yvonne do Amaral Pereira ou sur des journalistes comme André Trigueiro (Spiritisme et écologie), ainsi que sur l'enseignement d'un catéchisme spirite dès le plus jeune âge. De nos jours, la nouvelle terre d'expansion est les États-Unis dans lesquels une centaine de centres spirites se sont constitués en une quinzaine d'années.
Au niveau mondial, les dizaines de milliers de centres spirites sont représentés par un Conseil Spirite International qui, selon des sources journalistiques, fédère plus de vingt-millions de « pratiquants réguliers », dans vingt-quatre pays membres. D'autres sources indépendantes font état de treize millions de spirites, qui associent souvent leur philosophie à la culture française.
Fêtons ensemble ces 150 ans dans le souvenir et surtout, dans l'étude de son oeuvres.